10 août 2013
L'inversion de la fourche
Le paysan en deuil du blé
planta sa fourche dents en l'air
entre le sillon et l'ornière.
Il libéra les emmurés :
« Si je n'avais semé que des épouvantails ? »
hésita-t-il en invitant les passereaux
et toutes les divinités qui font ripailles
pendant que l'ingénieur travaille du chapeau.
« Foin des villages ancillaires,
ta moisson s'engrange à l'envers ! »
riaient les fleurs dans les épis
en défiant tous ses outils.
Ce jour-là se vengeant des siècles d'esclavage,
la fourche s'envolait trop haut dans les nuages
et tous les clavelins de son vin de gelée
ne purent épingler le paysan au pré.
Extrait de mon recueil : Le Pétrin de la foudre, éditions Orage-Lagune-Express, 1992.
Ce poème a aussi été publié en ouverture de plusieurs numéros de la revue Le Croquant, notamment le numéro anniversaire des vingt-deux ans de la revue (n°57-58), à l'initiative de son directeur fondateur Michel Cornaton.
23:55 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fourche, paysan, le croquant, revue le croquant, clavelin, vin de gelée, blog littéraire de christian cottet-emard, poésie, éditions orage-lagune-express, michel cornaton, christian cottet-emard, littérature, vin jaune, château chalon, savagnin, cépage, vigne, percée du vin jaune, franche-comté, vendange tardive
05 mai 2013
Flower power
Mai trempé après la neige sur les tulipes les derniers jours d’avril
Dans la nuit gronde la rivière d’avoir à tant charrier et si vite
Tard tu l’entends dans le noir à la fenêtre l’eau toujours vieille l’eau toujours jeune
Tu as des motifs d’être très gai et très triste qui ne sauraient en rien intéresser d’authentiques lecteurs et lectrices de vénérable et vraie littérature
Leur confier que la météo n’étant pas propice à la dégustation d’un Cohiba tu grilles en vitesse de corrects cigarillos ne tombe pas encore sous le coup de la Loi mais rien ne dit qu’un jour tu ne sois pas contraint de couper cette phrase
Voilà qui ferait peut-être bien rire ou pleurer Allen Ginsberg que tu aurais aimé rencontrer à cause de sa bonne tête son air flower power de toujours dire ne t’en fais pas
Ne t’en fais pas s’il neige sur les tulipes
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013. Droits réservés pour texte et photo.
À voir et à écouter ici, Allen Ginsberg et Paul McCartney : The Ballad of the Skeletons
02:28 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : flower power, allen ginsberg, blog littéraire de christian cottet-emard, poésie, journal, note, littérature, récit des lisières, estime-toi heureux, droits réservés, copyright, avril, mai, tulipe, éditions orage-lagune-express, paul mccartney, ballad of skeletons
02 mai 2013
Journée parfaite d’un enfant craintif à la fin des années soixante du vingtième siècle
Tu zigzagues entre les platanes du boulevard provincial dans l’éclaircie mauve sous les nuages odorants du soir
La classe n’a laissé aucune trace jamais la maison n’a été si proche si grande et si solide
Tu entends souvent le jardin donne la lune renouvelle
Tu penses clairement comme il est rare à cet âge tout va bien moi-même et mes proches avons encore longtemps à vivre
Aujourd’hui est une journée parfaite comme on s’en rappelle n’importe où et n’importe quand 
Demande aux gens que tu connais s’ils se souviennent d’une journée parfaite comme ça pour voir
Photo : la lune dans les branches vue de chez moi l'autre soir.
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013. Droits réservés pour texte et photo.
00:37 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, carnet, note, journal, souvenir, journée parfaite, boulevard, province, maison, jardin, lune, blog littéraire de christian cottet-emard, éclaircie, copyright, droits réservés, estime-toi heureux, recueil, éditions orage-lagune-express



























